Exclu Gala – Hélène Nougaro: « Claude était un écorché vif »

Le plus talentueux boxeur de mots a quitté le ring depuis dix ans. Hélène, sa dernière épouse, le raconte pour la première fois dans un livre éponyme.

Elle parle elle-aussi avec cet accent chantant né sur les rives de la Garonne. Hélène et Claude, nous les avions rencontrés il y a une vingtaine d’années. Il y avait entre eux une évidence, une harmonie, elle semblait son point d’équilibre, son « île Hélène »…

Gala:Quelle était votre place?

Hélène Nougaro: J’ai un caractère assez indépendant, même si on était toujours ensemble, j’avais d’autres centres d’intérêt. Petit à petit, je suis devenue un peu le relais entre le sauvage qu’il pouvait être et le monde extérieur. Parce que Claude était très solitaire et très introverti.

Gala:Que lui avez-vous apporté à votre avis?

H.N.: Une forme de sérénité, je pense. Claude était un écorché vif, plutôt pessimiste de nature mais gardant toujours l’espoir en l’avenir de l’homme. Il n’était pas dupe des choses de la vie. Encore moins de lui-même.

Gala:Et vous? Que vous a-t-il apporté?

H.N.: J’ai grandi à ses côtés. Je suis devenue la femme que je suis. Il m’a fait accéder à un autre monde.

Gala:Claude a parlé très honnêtement du père qu’il avait été avec ses quatre enfants, disant qu’il les avait assumés, mais n’avait jamais été vraiment présent. Avez-vous essayé de resserrer ces liens familiaux?

H.N.: Quand je l’ai connu, ses filles étaient déjà grandes. En revanche son plus jeune fils, Pablo, avait sept ans, mais il partait vivre avec sa mère au Brésil. J’ai toujours des rapports avec ses enfants, c’est un peu ma famille vu que je n’ai pas eu d’enfants avec Claude.

Gala:Avez-vous fait ce sacrifice parce qu’il n’en souhaitait pas?

H.N.: On ne peut pas dire que ce soit un sacrifice. C’est comme ça. Claude a eu des enfants mais, en fait, il voulait être lui-même l’enfant. Et j’ai accepté ça. Il aimait bien l’idée du couple, l’idée d’une exclusivité.

Gala:Il était un homme à femmes, étiez-vous jalouse?

H.N.: Non. En même temps il était plus âgé quand je l’ai connu, cela change les choses. Est-ce que j’ai eu peur de le perdre? Oui, évidemment, mais n’oubliez pas qu’on s’était rencontrés à La confiance(ndlr la demeure où ils ont vécu leurs premiers jours d’amour)! On partait sur de bonnes bases!

Gala:Il parlait volontiers de ses tendances autodestructrices. Il disait que vous le sauviez de lui-même…

H.N.: J’étais toujours là donc, quand je voyais que les choses commençaient à dériver, j’essayais le plus possible de le ramener à la maison ou à l’hôtel. Je pense que l’on ne peut pas être un artiste et être profondément équilibré. Ces moments n’étaient certes pas très drôles, mais ils étaient ponctuels. Avec l’alcool on cherche à soigner une maladie de l’âme. On essaie d’oublier, de s’anesthésier les neurones. Claude n’était pas un alcoolique, il était noir. Et puis quand il sortait, pour aller vers l’autre, il avait besoin de se désinhiber. Il était terriblement timide.

Gala:De vous, il avait dit un jour: «Hélène, c’est la femme de ma mort». Comment aviez-vous reçu cette déclaration?

H.N.: Comme quelque chose de définitif. C’était vertigineux comme parole, c’était aussi un peu comme m’emprisonner dans cette phrase, mais je ne l’ai pas ressenti comme ça.

Gala:Est-ce que vous replonger dans la vie de Claude pour réaliser ce livre, vous a permis de tourner la page?

H.N.: Oui. C’est ce que j’éprouve: je referme un chapitre. (Elle sourit).

Découvrez en plus sur le grand amour de Claude Nougaro dans l’interview de son « île Hélène », disponible ce mercredi dans Gala Spécial Mode.

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