La placentophagie, qui consiste à manger son placenta (cuisiné ou sous forme de gélule) après accouchement n’apporterait aucun bienfait, rapporte des chercheurs de la Northwestern University. Ces derniers mettent en garde sur cette pratique qui fait de plus en plus d’adeptes aux Etats-Unis et dont les risques sont méconnus.
La fonction du placenta est de protéger le fœtus en absorbant toutes les toxines et les polluants pendant la grossesse. L'ingérer présenterait des risques, alerte des chercheurs anglais.
Des bienfaits qui n’ont jamais été prouvés scientifiquement
Les mères qui pratiquent la placentophagie vous le diront : manger son placenta protège de la
dépression, réduit les douleurs après l’
accouchement, et facilite l’
allaitement. Certaines disent même que manger son placenta permet de renouveler ses réserves en fer.
Et pourtant, des chercheurs affirment qu’aucun de ces bienfaits n’a été jusqu’à présent démontré scientifiquement. Pour parvenir à ce constat, les auteurs de l’étude publiée dans la revue Archives of Women’s Mental Health, se sont appuyés sur 10 études menées sur la placentophagie.Virus et bactéries emprisonnés dans le placentaMais ce n’est pas tout, cette pratique pourrait même être risquée. En effet, la fonction du placenta est de protéger le fœtus en absorbant toutes les toxines et les polluants pendant la grossesse. Ce qui signifie que les bactéries et les virus restent emprisonnés dans le placenta même après l’accouchement. “Les adeptes de la placentophagie ne savent vraiment pas ce qu’elles ingèrent“, alerte Cynthia Coyle, co-auteure de l’étude. Et d’ajouter : “Les femmes qui mangent leur placenta ont surveillé leurs habitudes alimentaires pendant toute leur grossesse pour protéger leur bébé, mais n’hésitent pas à ingérer un organe dont les bienfaits n’ont jamais été prouvés et dont les risques potentiels sont méconnus“.Une pratique qui n’est pas réglementéeLes chercheurs soulignent également l’absence de réglementation en ce qui concerne le stockage des placentas et leur préparation. De son côté l’association “pro-placentophagie“ (et principal syndicat de sages-femmes au Royaume-Uni), the “Royal College of Midwives“, considère que les auteurs de cette étude n’ont pas assez de preuves pour mettre en garde les femmes qui souhaiteraient manger leur placenta. “C’est à elles de choisir si elles veulent manger leur placenta ou non“, martèle Louise Silverton du Royal College of Midwives.Plus sceptique, le Dr Daghni Rajasingam, gynécologue-obstétricien et porte-parole du Royal College of Obstetricians and Gynaecologists reconnait que la placentophagie présente des risques pour la santé et ne la recommande pas à ces patientes.Annabelle IglesiasSources :
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BBC News
- Placentophagy: therapeutic miracle or myth?, Cynthia W. Coyle and al, 4 juin 2015, Archives of Women’s Mental Health (
abstract disponible en ligne).