Cancer de la prostate : entre 3 200 et 4 800 patients seraient sur-traités

Entre 3200 et 4800patients atteints d’un cancer de la prostate seraient sur-traités, selon de nouveaux travaux français menés par Cyrille Delpierre, chercheur à l’Inserm, et publiés dans la revue Cancer Epidemiology.

Jusqu'à 4 800 patients atteints d'un cancer de la prostate seraient sur-traités

Cancer de la prostate : un dépistage controverséPremier cancer masculin en France, le

cancer de la prostate touche, chaque année, plus de 40 000 hommes. Un quart en décède. S’il existe un test de

dépistage, reposant à la fois sur le dosage du PSA (un antigène spécifique d’un dysfonctionnement de la prostate) et le toucher rectal, son intérêt reste très discuté. En effet, le PSA n’est qu’un indicateur qui, au mieux, détecterait les tumeurs évoluant le moins vite. En revanche, il n’existe aucun marqueur permettant de repérer les tumeurs agressives.Or, tous les cancers n’ont pas la même agressivité, et c’est là tout le nœud de la controverse qui agite depuis plusieurs années médecins, chercheurs et autorités de santé. Car diagnostiquer un cancer de la prostate chez un homme dont l’espérance de vie n’aurait de toutes façons pas permis à cette tumeur de se manifester serait, in fine, plus préjudiciable que bénéfique, avancent les opposants au dépistage organisé. Outre le stress généré par l’annonce, la prise en charge thérapeutique qui s’ensuit peut engendrer des effets secondaires qui sont loin d’être anodins (incontinence, impuissance…).Cancer de la prostate précoce : jusqu’à 22 % de patients sur-traitésPour déterminer l’importance du sur-traitement, Cyrille Delpierre (Unité Inserm 1027 “Epidémiologie et analyses en santé publique : risques, maladies chroniques et handicaps“), en collaboration avec le réseau français des registres de cancer, a examiné les données de 1 840 patients atteints d’un cancer de la prostate au stade T1 ou T2*. Parmi les patients dont l’espérance de vie théorique était inférieure à l’espérance de vie avec cancer (donc ceux qui a priori ne nécessitaient pas de prise en charge en dehors d’un simple suivi), le chercheur a identifié ceux qui avaient effectivement été traités.Il a ainsi pu observer que “9,3 à 22,2 % des patients atteints de tumeurs au stade T1 étaient sur-traités“, soit “entre 7,7 et 24,4 % des patients ayant subi une ablation de la prostate, et entre 30,8 et 62,5 % de ceux recevant une radiothérapie“. Les patients atteints de tumeurs au stade T2 seraient, quant à eux, nettement moins concernés par le sur-traitement (2 %), ajoute le chercheur. A l’inverse, la présence d’autres pathologies (comorbidités) constituait un facteur de risque majeur de sur-traitement puisqu’un tiers des patients au stade T1 et présentant plus de deux autres maladies étaient effectivement sur-traités.Un sur-traitement réel probablement plus important aujourd’huiEt la situation actuelle serait même pire, estime Cyrille Delpierre, dans la mesure où ces résultats sont basés sur des données datant de 2001, date à laquelle la proportion de stades T1 était inférieure à celle des stades T2, ce qui n’est plus le cas actuellement. Et le chercheur d’affirmer : “La proportion de petits stades dans lesquels on observe un risque élevé de sur-traitement serait en augmentation“.L’étude met enfin en lumière l’existence d’une différence entre sur-traitement potentiel et sur-traitement réel, qui traduit “la difficulté [pour les urologues] à proposer une surveillance active et à justifier une attitude non interventionnelle chez des patients se sachant atteints d’un cancer“.Amélie Pelletier
Sources
– “Le sur-traitement du cancer de la prostate en France est réel“ – Communiqué de presse’ de l’Inserm, 11 juillet 2013.
– “Life expectancy estimates as a key factor in over-treatment: The cas of prostate cancer“, Cyrille Delpierre et al., Cancer Epidemiology (2013) (

résumé en ligne).
*Le stade T1 correspond à une tumeur non perçue au toucher rectal. Seules quelques cellules sont cancéreuses. Le patient ne ressent aucun symptôme de la maladie.
Le stade T2 : correspond à un cancer palpable au toucher rectal (présence d’une masse dure) et qui semble localisé à la glande, dans un seul ou les 2 lobes de la prostate.

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