Le nombre de personnes infectées par l’hépatite C pourrait être revu à la hausse. Près de 200 000 cas seraient ainsi à ajouter aux statistiques officielles, portant le chiffre à 780 000 ! Zoom sur cette nouvelle estimation.
Dans le cadre des 15e Journées toulousaines de biologiemédicale, le Syndicat des biologistes (SDB) et le Syndicatnational des médecins biologistes (SNMB) ont rendu publiqueune étude inédite sur la contamination par le virusde l’hépatite C dans la population française. Seloncette évaluation plus de 780 000 personnes seraient,à l’heure actuelle, contaminées par le virus.Des chiffres revus à la hausseCette évaluation a été réaliséepar l’Institut Proscop sur la base des données recueillieslors des trois dernières journées de dépistagede l’hépatite C organisées par les biologisteslibéraux en 2001, 2002 et 2003. Au total, c’est donc unéchantillon de 60 174 personnes (dont 736 se sontrévélées contaminées) qui aété étudié. Après avoirpondéré ces résultats afin d’éviter lesbiais liés notamment au taux de participation deslaboratoires (certaines régions ont été plusmobilisées que d’autres et ont donc recueilli plus dequestionnaires) et aux profils des personnes venues se fairedépister, l’Institut Proscop a pu extrapoler lesdonnées à l’ensemble de la populationfrançaise.Selon ces estimations, la proportion de personnescontaminées (taux de prévalence) est ainsi de 1,26 %au lieu des 1,1 % jusqu’alors estimé. Rapportéeà la population française, le nombre de personnesinfectées serait ainsi de 780 000 soit près de 200000 cas de plus que les estimations officielles !L’influence des facteurs de risqueAu-delà de ces chiffres, les questionnaires anonymes ontpermis de souligner l’influence des facteurs de risque connus(usage de drogue, transfusion avant 1992, piercing, tatouage…).La proportion de personnes contaminées est ainsi de :
– De 8,53 % chez les usagers de drogues (soit 27,86 % de lapopulation contaminée) ;
– De 2,38 % chez les personnes transfusées et de 3,07 % pourles personnes transfusées avant 1992 (35,33 % de lapopulation contaminée) ;
– De 1,49 % pour les personnes ayant eu recours à untatouage ou un piercing (soit 17,03 % de la populationcontaminée). Malgré la faiblesse du risque decontamination, cette pratique constitue, à ce jour, l’unedes principales causes de contamination des adolescents et desjeunes adultes ;
– De 1,32 % pour les personnes ayant subies une opérationchirurgicale (soit 72,66 % de la population contaminée).Cette population représente, globalement, plus de 2 millionsde personnes ;
– Et de 0,30 % chez les personnes ne présentant aucunfacteur de risque étudié.
Le taux de séropositivité augmente égalementen fonction du nombre de risques. Il varie ainsi de 1,43 % pour unrisque connu à 15,13 % pour cinq risques cumulés.Un manque d’information
Les questionnaires ont également permis de mettre enévidence que la perception du risque est trèslargement décalée par rapport à laréalité. En effet, alors que seuls 22,22 % desFrançais ne présentent aucun des facteurs de risqueétudiés, (43,2 % des Françaisprésentent un facteur de risque, 56,8 % en présententau moins deux et 15,8 % en cumulent trois et plus), ils sont 47,6 %à penser n’avoir aucun risque d’être contaminéset 48 % quelques risques.
Plus préoccupant encore, 23,3 % des personnes dont le tests’est révélé positif pensaient n’avoir aucunrisque de contamination et 54,45 % seulement quelques risques.
Cette analyse montre également que 80 % des personness’estiment insuffisamment informées sur les moyens de luttercontre le VHC, 72,8 % sur les symptômes liés àla maladie et 57,5 % sur les modes de contamination.
“Ces résultats soulignent l’insuffisance de la perceptiondes risques et l’importance des besoins d’information dans lapopulation, et confirment ce que les bilansprécédents, bien que partiels, avaientdéjà mis en évidence“ précise lecommuniqué commun du Syndicat des biologistes (SDB) et duSyndicat national des médecins biologistes (SNMB). Alors queles derniers chiffres officiels remontent à 1994, lesautorités sanitaires ont lancé dans le cadre du plannational hépatites virales 2002-2005 une nouvelleétude épidémiologique, mais lesrésultats ne sont pas encore publiés. Nous devrionsbientôt savoir s’ils confirment les estimations de cetteétude.Luc Blanchot