Les femmes enceintes et leurs nouveau-nés seraient exposés dès la maternité à deux types de
perturbateurs endocriniens, les phtalates et le bisphénol A (BPA), via les dispositifs médicaux tels que les sondes urinaires, avancent les auteurs d’une étude dont les résultats sont publiés dans le Bulletin Épidémiologique Hebdomadaire.
Le
BPA est utilisé pour la fabrication des plastiques que l’on retrouve dans divers produits tels que les bouteilles d’eau et de lait, des disques compacts ou encore les dispositifs médicaux. Pour les
biberons, il a fallu attendre le 1er mars 2011 pour que leur production soit interdite, et le mois de juin pour que leur importation et leur commercialisation le soient également. Les
phtalates sont quant à eux essentiellement utilisés dans l’industrie des plastiques pour assouplir le PVC, mais ils peuvent aussi entrer dans la composition des
cosmétiques. Lorsqu’ils sont ingérés, généralement après avoir migré d’un contenant vers les aliments, ces deux types de composants miment les hormones endocrines ou interfèrent avec les fonctions du système hormonal, et ont des répercussions sur la fertilité et le développement du foetus et du nouveau-né, rappellent Stéphanie Vandentorren et ses collègues de l’Institut de veille sanitaire et de l’Institut national de l’environnement industriel et des risques (Ineris) dans le dernier BEH. Selon un rapport datant d’avril 2011 de l’expertise collective Inserm, il existe “une corrélation entre l’augmentation du taux de BPA retrouvé dans les urines et les troubles de la fonction sexuelle“. Aucune étude n’ayant porté sur les femmes enceintes, les auteurs ont utilisé la cohorte pilote de l’
étude Elfe, qui vise à analyser les expositions à divers facteurs environnementaux et évaluer leur impact sur la santé de 20 000 enfants suivis jusqu’à l’âge adulte. La cohorte pilote de 571 bébés avait été constituée en 2007 en Rhône-Alpes et Seine-Saint-Denis. Sur les 279 échantillons d’urine qui ont été collectés, la quasi-totalité présentaient des traces de BPA et de phtalates, à des concentrations similaires à celles observées dans d’autres travaux. En revanche, les auteurs ont mesuré des concentrations plus élevées chez les femmes qui avaient accouché par
césarienne ou au
forceps, par rapport à celles qui avaient accouché par voie basse sans l’aide de matériel. Les auteurs émettent l’hypothèse d’une contamination via les poches urinaires chez les femmes césarisées et suggèrent d’approfondir la question, mettant en avant les autres risques dont sont suspectés le BPA et les phtalates. En effet, ces substances seraient également des pertubateurs thyroïdiens, qui auraient un impact sur le développement cérébral, soulignent les chercheurs, rappelant qu’un lien vient d’être établi entre une exposition foetale aux phtalates durant le dernier trimestre de la grossesse et des modifications comportementales chez des enfants de 7 à 9 ans. Amélie Pelletier Source Dosages du bisphénol A et des phtalates chez les femmes enceintes : résultats de l’étude pilote Elfe, 2007 – BEH n°25, 28 juin 2011,
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